Article
paru dans : CAUBET (Dominique), CHAKER (Salem) & SIBILLE (Jean)
éds. 2002, Codification des langues de France. Actes du colloque
"Les langues de France et leur codification, écrits ouverts,
écrits divers" (Paris – Inalco, 29-31 mai 2000),
L‟Harmattan, Paris, pages 17-37
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01296986/document
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01296986/document
Ecrire
l‟occitan : essai de présentation et de synthèse
Jean
SIBILLE
Mille ans d‟écriture occitane.
L‟Occitan
s‟écrit depuis au moins 1000 ans et doit être considéré comme
une des grandes langues de culture de l‟Europe. Les premiers
textes littéraires
apparaissent aux alentours de l‟an 1000 : la Passion
de Clermont
(vers 950), le Poème
sur Boèce (vers
l‟an 1000), les poésies religieuses de Saint-Martial de Limoges
(début du XIème siècle), la Chanson de Sainte Foi
(vers 1040).
A
partir du XIIème siècle on assiste au développement de
la poésie des troubadours qui rayonne dans toute l‟Europe et est à
l‟origine de la poésie lyrique européenne ; plus de 2500 poèmes
ont été conservés (et quelques 250 mélodies). Parmi les oeuvres
majeures de la littérature occitane médiévale, il faut également
citer la Chanson de la Croisade, récit en vers de la
croisade contre les albigeois et le Roman de Flamenca, roman
courtois sur le thème du désir et de la jalousie.
Aux
XIVème et XVème siècles, la littérature
occitane entre dans une phase de déclin relatif et ne joue plus un
rôle déterminant au niveau européen. Pendant ce temps le français
acquiert un certain prestige littéraire aussi bien dans le royaume
que hors du royaume et la littérature d‟oïl va jouer un rôle
moteur au niveau européen. Mais il s‟agit là de phénomènes
relevant de l‟histoire littéraire ; cette situation ne constitue
pas une menace pour la pratique de l‟occitan et ne conduit pas à
une substitution du français à l‟occitan comme langue écrite.
On
possède un certain nombre de chroniques en occitan, dont la
rédaction s‟échelonne du XIIème au début du XVIème
siècle : la chronique romane de Montpellier dite du Petit
Thalamus (1088-1428), la Chronique du siège de Damiette
(XIIIème siècle), la Chronique des comtes
de Foix (XVème
siècle), l‟Histoire
journalière (1498-1539) du
marseillais Honorat de Valbelle... [17/18]
Dans
le domaine de l‟écrit non
littéraire on assiste, dès le Xème
siècle, à l‟apparition de mots, d‟expressions, de membres de
phrases et parfois de phrases entières (serments) en occitan, dans
des textes en latin (latin farci). A la fin du XIème
siècle apparaissent les premiers textes rédigés entièrement en
occitan, ce sont, dans un premier temps des listes ou des inventaires
ne comportant pas de verbes conjugués, (une liste de cens conservée
dans le cartulaire de l‟abbaye de Sauxillanges (63), rédigée
entre 1060-1073 est le plus ancien document connu de ce type).
Le premier texte connu rédigé entièrement en occitan, daté et
comportant des phrases complètes avec des verbes conjugués, est
l‟acte de donation des biens d‟un hobereau rouergat, Adémar Ot,
à sa fille Guilhelma (10 avril 1102).
Au
XIIème siècle, l‟usage de l‟occitan pour la
rédaction de documents non littéraires est attesté par un certain
nombre de chartes. Au XIIIème siècle il s‟étend à
l‟ensemble des provinces
d‟oc.
Aux XIVème et XVème siècles cet usage,
concurremment au latin, est courant dans tous les domaines de
l‟écrit : chartes, archives municipales, pratique notariale,
procès verbaux des assemblées d‟Etats, contrat commerciaux,
correspondance administrative, commerciale, privée, livres de raison
...etc. Enfin, il faut signaler qu‟à partir du XIIIème
siècle, l‟occitan a été utilisé comme langue scientifique
(traités de mathématique, de chirurgie, de botanique, de grammaire
et de poétique...)
Les
Premiers textes en français apparaissent dès la fin du XIVème
siècle dans le Nord de l‟Auvergne, mais cent ans plus tard dans le
sud de la même province. C‟est dans le courant du XVIème
siècle que le français se substitue massivement et
définitivement à l‟occitan, comme langue écrite, dans
l‟ensemble des provinces d‟oc. Les textes les plus tardifs
rédigés vers 1620, proviennent du Rouergue et de Provence
orientale. Le registre paroissial de Rieupeyroux (Aveyron) est rédigé
en occitan jusqu‟à l‟an 1644. Le Béarn constitue une exception,
puisque le gascon y est utilisé jusqu‟en 1789, voire jusque vers
1815 par certains notaires.
C‟est
également au XVIème siècle
que les usages graphiques médiévaux tombent en désuétude.
Entre 1550 et 1650, au moment même où le français se généralise
pour l‟ensemble des usages écrits, on assiste, en Provence, en
Languedoc et en Gascogne, à une renaissance poétique. Mais les
écrivains de cette “Renaissance baroque” utilisent des graphies
individuelles, plus ou moins inspirées des conventions en usage
pour le français ; seul le poète Pey de Garros, conseiller au
Parlement de Pau, a une véritable réflexion sur la graphie et
utilise un système s‟efforçant de concilier les anciens usages et
les exigences de notation de la langue moderne, mais il ne sera pas
suivi.
De
l‟an 1000 jusqu‟à 1500 ou 1550 l‟écrit occitan est dans une
situation de normalité sociale, même s‟il existe une autre langue
écrite : le latin. Durant cette période, il gagne constamment du
terrain sur ce dernier dont les usages régressent. De fait,
l‟intrusion du français a lieu au moment même où l‟occitan
est sur le point de supplanter définitivement le latin
comme langue écrite usuelle.
Après
1550, l‟écrit occitan est dans une situation de marginalité : on
écrit en occitan soit pour faire de la littérature populaire
(théâtre carnavalesque, chansons...), soit par une démarche qu‟on
qualifierait aujourd‟hui de choix militant. Ce “choix militant”
est exprimé dès la fin du XVIème siècle par Pey de
Garros qui déclare choisir d‟écrire en gascon : [18/19]
Per
l‟aunor deu país sosténguer. (Pour soutenir
l’honneur du pays)
Et per sa dignitat manténguer. (Et pour maintenir sa
dignité)
Jusqu‟au
XIXème siècle on est dans une période d‟anarchie
graphique. Parallèlement la littérature occitane se cantonne de
plus en plus dans des genres considérés comme mineurs ou populaires
(chanson, théâtre carnavalesque, parodies burlesques...).
L‟émergence de graphies codifiées modernes est le résultat d‟un
processus, lié à la renaissance littéraire de la langue et au
militantisme culturel, qui commence vers 1850 et qui n‟est pas
encore totalement achevé.
A
la fin du XVIIIème siècle on commence à redécouvrir
les textes du Moyen Age et à partir du début du XIXème
on assiste à différentes tentatives de codification de la graphie
sur la base des usages médiévaux : Fabre d‟Olivet (Languedoc
oriental), Honnorat (Provence), abbé Moutier (Drôme), Joseph Roux
(Limousin)... mais jusqu‟au début du XXème siècle ce
sont d‟autres types de graphie qui restent d‟un usage majoritaire
(notamment la graphie dite mistralienne pour le provençal, dont on
va reparler).
Au
XXème siècle les félibres
languedocien de l‟Escòla Occitana (Estieu et Perbosc) et du Grelh
Roergàs (Mouli), puis le mouvement occitaniste, dotent
l‟occitan d‟une graphie unifiée qui représente une
codification et une adaptation à la langue moderne de la graphie en
usage dans les textes médiévaux. C‟est une graphie
englobante qui atténue à l‟écrit les différences
dialectales sensibles à l‟oral, tout en respectant l‟originalité
de chaque dialecte. Elle a été codifiée de façon à peu près
définitive par le grammairien (et pharmacien) Louis Alibert
(1884-1959). Mais dans l‟usage des flottements subsistent sur
certains détails graphiques et sur quelques questions de norme
linguistique (principalement la question du -e dit “de
soutien”
dans
les emprunts savants). Le Conseil de la Langue Occitane (CLO), créé
d‟abord de façon informelle, puis constitué en association en
1998 s‟efforce de résoudre ce genre de questions.
La graphie normalisée ou “occitane”, présentation.
La
graphie normalisée ou occitane ou classique est, comme
on vient de le voir, issue de la codification et de l‟adaptation à
la langue moderne des usages graphiques médiévaux. De ce fait, elle
revêt un aspect archaïsant et étymologisant. Mais d‟un point de
vue fonctionnel elle se caractérise essentiellement par son
caractère englobant : un même graphème peut donner lieu à des
réalisations différentes suivant les parlers, par exemple :
- j (et g + e, i) peut être réalisé [d], [dz], [t], [ts], [z], [] (voir annexe II)
- s morphème du pluriel, et certaines consonnes finales telles que p, t, c, ch sont écrites systématiquement mais peuvent être ou non réalisées1 suivant les dialectes.
- a final post-tonique (qui s‟oppose à /e/, /i/, /u/, /y/), peut être réalisé : [], [a], []... (voir annexe I). [19/20]
- n final est noté systématiquement alors qu‟il s‟est amuï dans la plupart des parlers de l‟ouest Occitan (Languedoc, Limousin, Auvergne et une partie de la Gascogne),
- iá peut être réalisé [j] ou [je].
Mais,
pour chaque variété, les correspondances graphie/phonie sont, en
principe, régulières et le système reste cohérent. De plus, le
caractère englobant de la graphie n‟implique pas qu‟il n‟y ait
pas de variantes à l‟écrit. Les variantes dites irréductibles2
sont notées : nuèch / nuèit (nuit) , fach
/ fait (fait), vergonha / vergonja (honte),
cantar / chantar (chanter) ; sentiá (il
sentait) peut valoir [sen'tje] ou [sen'tj] mais on écrira sentia
[sen'tia] à Nice3.
Cette
graphie n‟est pas strictement phonologique mais plutôt
sur-phonologique dans la mesure où elle note
toujours plus d‟opposition qu‟il n‟en existe dans tel
ou tel parler vernaculaire ou dans tel ou tel standard de
prononciation, par exemple :
- opposition /b/-/v/ qui a disparu en languedocien et en gascon.
- triple opposition / / d / t /, souvent réduite à deux termes, voire à un seul dans certains parlers languedociens (voir annexe II).
- opposition tz [ts] / s [s] en finale, disparue en dehors du gascon et du languedocien aquitano- pyrénéen.
- opposition entre diphtongues et triphtongues telles que iu [iw] / ieu [jew], la plupart des parlers connaissant l‟une ou l‟autre, mais rarement les deux.
Enfin,
il faut signaler que le phonème /u/ est noté o, le phonème
// est noté ò, le phonème // : nh, et le
phonème // : lh.
On
peut dire que la graphie normalisée note ce que Pierre Bec, à la
suite de Weinreisch a appelé un dia-système et que l‟apprentissage
de la graphie suppose l‟apprentissage de ce dia- système.
Dans
une graphie de ce type, le lien graphie/phonie n‟est pas explicite
: il n‟y a pas de lisibilité universelle dans le sens où
je peux lire un texte à haute voix avec ma prononciation sans du
tout savoir comment il serait prononcé par l‟auteur. Pour le
savoir, il me faut connaître le parler de l‟auteur (ou au moins,
les règles de correspondances graphie / phonie propres au parler de
l‟auteur) ou disposer d‟une transcription phonétique. En
revanche, elle rend possible
1
Mais même là où elles sont réalisées, elles le sont à la
pause mais pas toujours en phonétique syntactique, car il se produit
des phénomènes de sandhi. En outre, dans les dialectes où elles ne
sont pas prononcées à la pause, elles sont plus où moins latentes
car elles réapparaissent dans certaines liaisons, ou dans la
dérivation (voir annexe I).
2
En fait : non réductibles par la graphie.
3
On notera que, indépendamment de toute référence à
l‟étymologie, la forme niçoise sentia [sen'tia] (sans
accent
sur le a) , légitimise le -á de sentiá
[sen'tje]~[sen'tj].
une
lecture cursive des textes sur l‟ensemble de l‟espace
occitan alors qu‟une transcription phonétique ne permet qu‟un
simple déchiffrage dès lors que le parler du scripteur s‟éloigne
quelque peu de celui du lecteur.
Actuellement
cette graphie est largement majoritaire dans la plupart des régions
occitanes4, sauf en Provence où elle reste fortement
concurrencées par la graphie dite mistralienne, mise au point au
XIXème siècle par Joseph Roumanille. C‟est en graphie
[20/21] mistralienne et en provençal rhodanien qu‟ont été
écrites une grande partie des oeuvres majeures de la renaissance
littéraire du XIXème siècle.
La graphie mistralienne5 et la question de la graphie en Provence.
Dans
la Provence de la fin du XVIIIème siècle la graphie
“classique” (médiévale) même si elle n‟est plus pratiquée
est, d‟avantage qu‟en Languedoc, considérée comme autochtone.
Jusqu‟en 1789, elle est connue et lue par les juristes pour des
raisons utilitaires, car les Statuts de Provença, qui
sont la base du droit local, ont été rédigés en occitan au
XIVème siècle. Mais les différences entre les usages
graphiques du XIVème et ceux du XVIIIème
sont interprétées exclusivement comme des différences
linguistiques (ce qui est parfois le cas, mais pas toujours) et la
graphie médiévale n‟est pas considérée comme utilisable dans le
présent.
Au
début du XIXe siècle, deux types de graphie sont utilisés en
Provence :
- La graphie dite des trouvères marseillais, issue des traditions d‟écriture des XVIIème et XVIIIème siècles et des choix effectués pas Achard en 1784 dans son Dictionnaire de la Provence. C‟est une graphie étymologique et grammaticale, elle emprunte certaines conventions à la graphie française : [u] est noté ou, [] est noté gn, [] final atone issu de Alatin est noté o, mais elle rétablit la graphie lh, conformément à l‟usage classique, alors même qu‟en provençal le phonème // est réduit à /j/ : fuelho, filho ; elle note -s, morphème du pluriel, ainsi que certaines consonnes finales, disparues de la prononciation en Provence6 : cantèt („il chanta‟), bec („bec‟), prim („mince‟, prononcé [pri ]), leis meissouns (les moissons), nuech (nuit)7. Pour simplifier, on peut dire que cette graphie se situe à mi-chemin entre les deux graphies actuellement en usage.
- Des graphies phonétiques spontanées plus ou moins anarchiques et utilisant les conventions de l‟orthographe française pour représenter les sons. Ce type de graphie est utilisé par des poètes tels que Victor Gélu (1806-1885) ou Gustave Bénédit (1802-1870).
En
1846, la graphie adoptée par le docteur Honnorat, de Digne, dans son
Dictionnaire provençal-français ou Dictionnaire de la langue
d’oc ancienne et moderne, reste assez proche de la graphie des
trouvères marseillais mais représente un pas de plus vers la
restauration des usages classiques par la notation -a de la
voyelle issue de A latin post-tonique (réalisée majoritairement []
ou [], mais aussi [a] dans certaines zones). Il en est de même
pour la graphie de Damase Arbaud, éditeur des Chants populaires
de la Provence (2 vol., 1862-1864) qui rétablit le graphème -tz
de la 2ème personne du pluriel des verbes, passé à
[s] ou totalement amuï dans la prononciation, le m de
la 1ère personne du pluriel (noté
jusque là n, l‟opposition
/m/-/n/
étant neutralisée en finale) et le -r de l‟infinitif
(amuï en occitan moderne). [21/22]
4
La graphie du projet DIGaM (Dictionnaire du Gascon Moderne),
préconisée par Jean Lafitte pour le gascon, s‟éloigne sur un
certain nombre de points de la graphie normalisée (ou“occitane”)
proprement dite, mais s‟incrit dans le cadre des mêmes choix
fondamentaux et doit donc être considérée comme une variante de la
graphie normalisée.
5
On parlera de graphie mistralienne (proprement dite),
uniquement en ce qui concerne le provençal car c‟est pour ce
dialecte qu‟elle a été conçue et codifiée de façon rigoureuse,
pour les autres dialectes on parlera de “graphies d‟inspiration
mistralienne”.
6
Mais pas dans d‟autres régions comme le
Languedoc ou la Gascogne.
7
Exemples tirés des Oeuvres provençales du docteur L.
D’Astros, Aix-en-Provence, 1867.
La
graphie dite mistralienne, mise au point en réalité par Joseph
Roumanille, représente un compromis entre la graphie des trouvères
marseillais et les graphies phonétiques spontanées, mais elle
laisse de côté la tradition ancienne et la pan-occitanité. Elle ne
sera adoptée qu‟avec réticence en 1853 par Mistral, alors âgé
de 23 ans, sous la pression de Roumanille8. En effet
Mistral qui admirait l‟oeuvre d‟Honnorat avait commencé à
composer son poème Mirèio dans une graphie proche de
celle des trouvères marseillais.
Par
rapport à la graphie occitane normalisée, la graphie mistralienne
est davantage basée sur les conventions orthographiques du français
: /u/ est noté ou, // est noté o, // : gn,
la voyelle issue de A latin post-tonique (réalisée majoritairement
[] mais aussi, localement [] ou [a]) est notée o. De
plus, elle ne note pas -s morphème du pluriel ni certaines
consonnes finales amuïes dans la prononciation en provençal mais
qui se retrouvent dans la dérivation ou dans certaines liaisons (et
qui sont prononcées dans d‟autres dialectes).
Exemples
:
graphie
mistralienne
|
graphie
occitane
|
||
[kanta]
|
canta
|
cantat
|
chanté
|
[kan'tad]
|
cantado
|
cantada
|
chantée
|
[kan'ta]
|
canta
|
cantats
|
chantés
|
[kan'tad]
|
cantado
|
cantadas
|
chantées
|
[lu
sa]
|
lou
sa
|
lo
sac
|
le
sac
|
[la
'sak]
|
la
saco
|
la
saca
|
le
“gros sac”
|
[lej~li
'sak]
|
lei~li
saco
|
lei
sacas
|
les
“gros sacs”
|
[la
ne]
|
la
nue 9
|
la
nuech
|
la
nuit
|
[net
e du()]
|
nuech
e jour 10
|
nuech
e jorn
|
nuit
et jour
|
La
graphie mistralienne écrit également la mountagno, li~lei
mountagno, l’espalo, cantas, voulèn là
où la graphie occitane écrit la montanha, lei montanhas,
l’espatla, cantatz,
volèm.
([la munta], [li~lej munta], [lespal],
[kanta(s)], [vul montagnes, l‟épaule, vous chantez,
nous voulons)
]
; la montagne, les
On
peut donc dire que la graphie mistralienne est plus strictement
phonologique que la graphie occitane, et aussi plus phonétique dans
le sens ou le rapport graphie-phonie y est plus immédiat et plus
explicite. Mais de ce fait même elle a tendance à survaloriser les
différences dialectales et à rendre l‟intercompréhension plus
difficile. Au contraire, la graphie occitane est un moyen efficace
de gérer la variation tout en évitant d‟imposer un standard
linguistique univoque. [22/23]
On
peut dire également que la graphie mistralienne est simple
à l‟apprentissage et à l‟encodage, mais plus difficiles au
décodage (du moins pour un locuteur possédant une variété
différente de la variété transcrite).
Dans
les académies d‟Aix-en-Provence et de Nice, les deux graphies
sont enseignées. Dans les années 1970 une circulaire du
recteur de Nice, préconisant l‟usage exclusif de la
graphie mistralienne a été annulée par le Conseil d‟Etat.
Les
deux graphies en présence ont chacune sa légitimité, mais il
s‟agit de légitimités différentes : dans le cas de la graphie
occitane on a affaire à une tradition ancienne qui a été
interrompue et restaurée, dans le cas de la graphie mistralienne à
une tradition récente (150 ans)
8
En témoignent plusieurs lettres de Mistral, notamment une
lettre du 14 août 1853 à Roumanille et une du 9 octobre 1853 à
Anselme Mathieu.
9
Ou la niue [la njø] en provençal rhodanien.
10
Ou niuech e jour [njøts e dzur] en provençal
rhodanien.
mais
ininterrompue. Dans la situation actuelle, il est illusoire de penser
qu‟une des deux graphies peut éliminer l‟autre. Les
deux courants, occitaniste et provençaliste, se sont
longtemps opposés de manière assez violente sur la question de la
graphie ; mais actuellement on assiste à un déplacement du débat
qui est de plus en plus un débat entre d‟un côté, ceux,
provençalistes et occitanistes, qui acceptent la pluralité de
graphies et de l‟autre une minorité agissante qui veut imposer
l‟usage exclusif de la graphie dite mistralienne. En effet, on a
vu, ces dernières années, se dessiner la possibilité d‟un
consensus tendant à affirmer l‟équivalence des termes occitan
et langue d’oc, prenant
acte de l‟existence de deux graphies en usage et affirmant
la nécessité de gérer ensemble cette situation, dans le respect
mutuel et sans chercher à imposer un monopole d‟une des deux
graphies. Cette ligne de conduite a été affirmée solennellement à
Marseille en novembre 1999 par les responsables des deux principales
organisations représentatives du mouvement culturel : le capoulié11
du Félibrige12 et le président de l‟IEO13.
Cependant
une fraction radicale du courant provençaliste refuse ce consensus,
continue à entretenir la polémique et à préconiser l‟usage
exclusif de la graphie mistralienne présentée comme la seule
graphie authentiquement provençale. Cette situation est
fondamentalement nuisible pour l‟avenir (déjà bien compromis) de
la langue et de la culture d‟oc en Provence car elle met certains
élus en situation de pouvoir jouer les uns contre les autres en
fonction de leurs intérêts électoraux. Elle leur donne de plus un
excellent prétexte pour ne rien faire. Récemment, on a vu un
rapport sur la langue et la culture régionales en région PACA, qui
s‟efforçait de promouvoir une voie consensuelle et proposait de
développer un certain nombre de projets concrets, enterré par le
président du Conseil régional qui l‟avait lui-même commandé, à
cause des pressions exercées par les provençalistes radicaux.
Enfin,
il faut signaler deux tentatives de création de graphies
intermédiaires :
- Dans les années 70, un groupe de travail qui se réunissait au Centre Culturel de Cucuron (Vaucluse), a proposé une version simplifiée de la graphie occitane que ses promoteurs ont appelée graphie classique de base. Par rapport à la graphie occitane « stricte », cette graphie se caractérise essentiellement par les traits suivants : [23/24]
- simplification des groupes consonantiques réalisés comme des consonnes simple en provençal : espala au lieu de espatla (épaule), semana au lieu de setmana (semaine), pessegue au lieu de persegue (pêche)…
- finale [je] de l‟imparfait et de certains substantifs féminins notée -ié au lieu de –iá.
- phonème /d/ en position intervocalique noté par le seul graphème j (ou g devant e et i) au lieu de tj ou j (tg ou g devant e et i)14 suivant l‟étymologie.
- abandon du graphème -tz en finale de mot, au profit de -s, sauf dans les deuxièmes personnes du pluriel des verbes : gròs, las, pos, dès, plas, cantatz au lieu de gròs, las, potz, dètz, platz, cantatz (gros, fatigué, puits, dix, il plait, vous chantez).
Un
recueil de textes à vocation pédagogique15 a été
publié en 1982 dans cette graphie et récemment un Manuel
pratique de provençal contemporain16. Bien qu‟elle
soit utilisée occasionnellement par certains rédacteurs d‟articles
de presse (notamment dans le mensuel Aquò d’Aquí), elle
n‟a pas donné lieu, jusqu‟à présent, à une production
significative ; la quasi totalité des textes publiés en
provençal, l‟étant dans l‟une ou l‟autre des deux
graphies précédemment décrites.
11
Capoulié : président du Félibrige.
12
Félibrige : Organisation fondée en 1854 par Frédéric
Mistral.
13
IEO : Institut d‟Etudes Occitanes
(fondé en 1945).
14
Voir annexe 2 ; en occitan médiéval et dans certains parlers
actuels, tj correspond à une affriquée tendue ou géminée
et j à une affriqué relachée ou une fricative.
15
Lo provençau dei vaus e dei còlas : testes occitans de
Provença en parlar dau Liberon per ensenhar la
lenga.
Centre Culturau Cucuronenc, 1982.
16
Par Alain Barthélemy-Vigouroux et Guy Martin (voir
bibliographie)
- Au début des années 80, le professeur Jean-Claude Bouvier, avait proposé une graphie mixte notant les voyelles comme le fait la graphie mistralienne et les consonnes comme le fait la graphie occitane (il est à remarquer qu‟une telle graphie n‟est pas très éloignée de celle des
«
trouvères marseillais » du début du XIXème siècle). Cette
proposition, qui à l‟époque n‟avait pas eu de suite, a été
reprise en 1999 par une association intitulée « Dralhos Novos : per
l‟unitat grafico » ; mais jusqu‟à présent, aucun texte n‟a
été publié dans cette graphie.17
De
telles initiatives partent d‟intentions louables (un souci
pédagogique pour la première, une volonté d‟unification pour la
seconde). Mais le danger est que, si l‟usage de ces graphies se
développe, on se retrouve, non plus avec deux, mais avec quatre
graphies ; ce qui rendrait la situation en Provence, non seulement
insoluble, mais encore ingérable.
Occitan standard et occitan élaboré
On
a vu qu‟il existe une norme graphique englobante. Mais, pour
autant, quelle langue écrit-on ? Ecrit-on en langue vernaculaire
avec une graphie englobante ? La réponse est négative ;
généralement, les formes écrites de la langue sont des formes
“élaborées”. [24/25]
La
notion de langue élaborée, empruntée à la
sociolinguistique corse18, nous semble un concept utile
pour l‟analyse des pratiques de langues en situation
de minorisation et dialectalement fragmentées, mais dotées,
comme l‟occitan, d‟une tradition d‟écriture. On
s‟efforcera de la définir par rapport à la notion de standard :
- Le standard est une norme théorique, résultat d‟un processus volontaire de standardisation et de codification. On dira que c‟est la norme des normalisateurs. Il existe des formes standard d‟occitan, que ce soit l‟occitan standard général (ou référentiel, ou large ou fédéral) proche des parlers languedociens, ou des tentatives plus ou moins abouties de créer des standards dialectaux. Ces formes standard son plus ou moins bien acceptées par les utilisateurs et s‟incarnent plus ou moins dans leurs pratiques.
- La langue élaborée est la norme des utilisateurs telle qu‟elle se dégage des pratiques d‟écriture ou de l‟activité militante ou associative, c‟est donc le produit d‟une pratique sociale (littéraire, associative, militante...), même si cette pratique reste très marginale par rapport à la société globale. La langue élaborée se distingue du vernaculaire pur mais elle n‟est pas toujours codifiée de façon explicite et peut laisser une certaine place à la variation interne ; elle peut être plus ou moins proche d‟un standard théorique. On peut également la définir comme l‟ensemble des pratiques linguistiques autres que la pratique vernaculaire quotidienne ; elle englobe donc les notions de langue littéraire et de langue écrite, mais ne se limite pas à celles- ci.
On
dira aussi que le standard est une norme explicite ; la langue
élaborée, une norme implicite.
Il
existe différentes variétés d‟occitan élaboré qui ne recoupent
pas toujours les dialectes tels qu‟ils sont définis par les
dialectologues :
- Le provençal rhodanien littéraire : il est parfaitement codifié d‟un point de vue linguistique. C‟est pour transcrire cette variété qu‟a été élaborée la graphie dite mistralienne. Dans le cas du provençal rhodanien, il y a quasi-coïncidence entre langue élaborée et standard théorique.
17
La phrase suivante [akeste vjade avje
dita ds fej di
lu
pus n katre seman] (cette fois-ci il
avait
jeté dix feuilles dans le puits en quatre semaines) s‟écrirait :
aqueste viatge aviá gitat
dètz fuelhas dins lo potz en quatre
setmanas, en graphie occitane “stricte” ; aqueste viage
avié gitat dès fuelhas dins lo pos en quatre semanas en
graphie “de Cucuron” ; aqueste viatge avié gitat dètz
fuelhos dins lou poutz en quatre setmanos en graphie “Dralhos
Novos” ; aqueste viage avié gita dès fueio dins lou pous en
quatre semano en graphie mistralienne.
18
Jean CHIORBOLI, La langue des corses. Notes linguistiques
et glottopolitiques, S.n.e. Bastia, 1992.
- Il existe également un provençal commun qui est plutôt le provençal des occitaniste19, très proche du rhodanien littéraire, il s‟en écarte sur quelques points de détail dans le sens à la fois d‟une plus grande prise en compte de l‟ensemble des parlers provençaux et d‟un plus grand souci de pan-occitanité (canti plutôt que cante : „je chante‟ ; ame plutôt que eme : „avec‟...) 20.
- Il existe un niçois littéraire, même si d‟un point de vue dialectologique le niçois doit être considéré comme une variété de provençal. [25/26]
- Il existe également un languedocien écrit usuel qui n‟est pas toujours conforme en tous points aux préconisations des ouvrages de référence en matière de norme21.
- Le gascon écrit oscille entre une norme béarnisante et une norme plus pan-gasconne.
- Le limousin littéraire est basé essentiellement sur les parlers du Périgord et du nord de la Corrèze.
L‟auvergnat
et le vivaro-alpin sont assez peu écrits et on peut dire qu‟il
n‟existe pas de formes élaborées socialement instituées, pouvant
se rattacher à ces dialectes dont généralement les pratiques
d‟écriture procèdent plus directement de la langue vernaculaire.
Une
koinè est en cours d‟élaboration pour les parlers alpins des
vallées italiennes. Il s‟agit là d‟un standard théorique. Mais
il sera intéressant de voir si ce standard théorique va donner lieu
à l‟émergence d‟une langue élaborée.
L‟existence
de pratiques savantes, culturelles, associatives ou militantes,
mettant en jeu des variétés élaborées, va dans le sens de
l‟unification de la langue, non pas par des processus artificiel de
standardisation (qui sont également utiles à un autre niveau) mais
de façon naturelle, par la communication. De fait, la pratique des
utilisateurs fait que les variétés élaborées d‟occitan tendent
à se rapprocher de plus en plus par le lexique et la syntaxe pour
tendre vers une situation où la langue élaborée, même si elle est
apparemment dialectale, est de plus en plus une langue commune
revêtue d‟un habillage dialectal 22 : un peu comme dans
la tragédie grecque, les couplets lyriques en dorien ne sont pas en
vrai dorien, mais dans un attique habillé à la dorienne. On peut
s‟en réjouir ou le déplorer : il n‟en demeure pas moins que
l‟existence d‟une graphie englobante et de variétés
élaborées fonctionnant dans un sens convergeant, sont une
condition nécessaire (mais sans doute pas suffisante) à une
certaine survie de la langue, dans une situation où on peut
prévoir que la pratique vernaculaire héritée aura totalement
cessé dans une trentaine d‟années.
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BEC
(Pierre) et ALIBERT (Louis), L’application de la
réforme linguistique occitane au gascon. IEO, Toulouse, 1952 (8
p.) ;
19
Même si certains occitanistes écrivent en rhodanien (mais en
employant la graphie occitane).
20
C‟est, par exemple, le provençal utilisé dans Mesclum,
la page occitane hebdomadaire du quotidien La Marseillaise.
21
Grammmaire
d‟Alibert, Compendi
de P. Sauzet... (voir bibliographie) ; ces ouvrages ne sont
d‟ailleurs
pas
forcément toujours d‟accord entre eux.
22
Patrick Sauzet parle de stylisation des différences
dialectales.
BELMON
(Jérôme) et VIEILLIARD (Françoise), « Latin farci et
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28 octobre 1989). Section Française de l‟Association
Internationale d‟Etudes
Occitanes,
34000 Montpellier, 1990. [28/29].../...
ANNEXE
I. Exemples de graphies et de réalisations phonétiques
- nevèt [net], [nev] (il neigea)
- prim [prim], [prin], [pri ] : mince (au masculin)
prima
[prim], [prim], [prima] : mince
(au féminin)
- nuèit [nwjt], [njt] (nuit)
nuèch
(nuech) [nt],
[nts], [nt], [nts], [n], [ne], [nj],
nuòch
[njt]
- lo còp # [lu kp], [lu k], ([lu kw]23) (le/les coup(s))
los
còps # [lus kps], [lus
kts], [lus kt], [luh k], [lu k], lei
còps [lej~li k]
lo
còp de pè [lu kd_de p], [lu
k(w) de p] (le/les coup(s) de pied)
los
còps de pè
[lus k de p], [lus k de p], [lus kd_de p],
[luh kd_de p], [lu k de p],
lei
còps de pè
[lej~li k(w) de p]
- vida /bidÅ/ /vidÅ/ (vie) [bi], [bi], [bi] ; [vid], [vid], [vida].
Le
graphème a en finale post-tonique, correspond à un
phonème qu‟on a représenté par /Å/, qui s‟oppose à /e/, /i/,
/u/,
/y/
et se réalise localement [], [], [], [a]. Dans certains
sous-systèmes qui neutralisent l‟opposition //-/u/ en finale
post-tonique, /Å/ peut prendre le timbre [u] (provençal rhodanien).
D‟autres sous-systèmes neutralisent l‟opposition
/Å/-/e/
en [] (gascon occidental)
- système général à 5 voyelle post-toniques :
a
/Å/ []~[]~[a]~[]24 ; e /e/ [e] ; i
/i/ [i] ; o /u/ [u], u /y/
[y]
- sous-système à 4 voyelles post-toniques : a, (o)25 /Å/ []~[u] ; e /e/ [e] ; i /i/ [i] ; u /y/ [y]
- sous-système à 4 voyelles post-toniques : a, e // [] ; i /i/ [i] ; o /u/ [u] ; u /y/ [y] [29/30]
- la pena [la pen], [la pen], [la pena], [l pen] (la peine)
las
penas [las pens],
[las pens], [las penas], [la pena] [la
pena] (les peines)
lei
penas [lei~li
pen]
li
penas [li
pena]
(rassemblement,
cloche)
1
|
2
|
3
|
4
|
|
acampada
|
[akampada]
|
[akampad]
|
[akampad]
|
[kmpad]
|
campana
|
[kampana]
|
[kampan]
|
[kampan]
|
[kmpn]
|
- : a réalisé [a] dans toutes les positions.
- : a post-tonique réalisé [].
- : a post-tonique réalisé [].
- : a atone et a tonique suivi de n, réalisés [].
graphie
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
|
parlat
|
[parlat]
|
[parlat]
|
[parla]
|
[parla]
|
[prla]
|
[parlat]
|
parlé
|
parlar
|
[parla]
|
[parla]
|
[parla]
|
[parla]
|
[prla]
|
[parla]
|
parler
|
parlatz
|
[parlats]
|
[parlas]
|
[parlas]
|
[parla]
|
[prla]
|
[parlat]
|
parlez
|
- Dans [kw], forme caractéristique du provençal central et maritime, [w] provient de la vocalisation de [p] final. Dans la pratique, la graphie de cette forme n‟est pas homogène, certains écrivent còp, considérant que cette forme peut englober [kw], d‟autres écrivent còup.
- Le signe ~ signifie que les éléments cités sont des allomorphes, il sépare ici différentes variantes phonétiques géographiques ;
«
a /Å/ []~[]~[a]~[] » doit donc être
lu : « le graphème a, représente un phonème /Å/ réalisé
localement [], [], [a] ou [].
- Les parlers qui, comme le provençal rhodanien, neutralisent l‟opposition -a // -o /u/, ont tendance à éliminer les finales en o []~[u] au masculin, soit par changement de genre : lo píbol [lupib~u] > la piba [lapib~u] (le peuplier), soit par changement de classe morphologique : lo còdol [lukdu] > lo code [lukde] (le caillou).
- TROLL > dròlle [drlle], [drle] garçon
- SEPTIMANA > setmana [semman], [seman] semaine
- SPATULA > espatla [espall], [espal], [espanl] épaule
- CAPITETUS > cabdet [kabdet] [kaddet] [kaptet] [kattet] [katet] [kadet] ([kade]) cadet
- FEMINA > femna [fenn], [fen] ; hemna [hemn] ; frema [frem] femme
[29/31]
ANNEXE
II. Notation des affriquées
ch tj
~ tg (+ e, i) j ~ g (+
e, i )
Représentation
phonologique
A
|
B
|
C
|
D
|
|
achorrar
|
/TŠ/
|
/TŠ/
|
/TŠ/
|
/TŠ/
|
viatjar
|
/DŽ/
|
/TŠ/
|
/TŠ/
|
/DŽ/
|
assajar
|
/
Ž/
|
/(d)Ž/
|
/TŠ/
|
/
DŽ/
ou
i /j/1
|
1
/ d/ graphié j , ou /j/ graphié i
(ex. assajar /asa da/ ou assaiar
/asaja/).
Représentation
phonétique
A
|
B
|
C
|
D
|
|||||||
A1
|
A2
|
A3
|
C1
|
C2
|
D1
|
D2
|
D3
3
|
D4
|
||
achorrar
|
[t]
|
[tj]
|
[]1
|
[t]
|
[t]
|
[ts]
|
[t]
|
[ts]
|
[s]
|
[]
|
viatjar
|
[d]
|
[dj]
|
[dj]
|
[t]
|
[t]
|
[ts]
|
[d]
|
[dz]
|
[z]
|
[]
|
assajar
|
[]
|
[j]
|
[j]
|
[(d)]
|
[t]
|
[ts]
|
[d]
ou
i [j]1
|
[dz]
ou
i [j]2
|
[z]
ou
i [j]2
|
[]
ou
i [j]2
|
1
Dans ce cas il y a neutralisation de l‟opposition /t/ -
// (// distinct de /s/ et de /t/ est un phonème
particulier au gascon et au languedocien aquitano-pyrénéen).
2
[d] graphié j , ou [j] graphié
i (ex. assajar [asa da]
ou assaiar [asaja]
3
lorsqu‟on a ch [s] et tj
[z], on a toujours s [] et z
(ou VsV) [], il n‟y a donc pas
neutralisation de l‟opposition entre
ch
et s, ou tj et z (ou
VsV)
A1
: gascon oriental et languedocien aquitano-pyrénéen.
A2,
A3 : gascon occidental.
B
: Bitterois, Nord-Aveyron, Lozère.
C
: languedocien oriental et septentrional
D
: nord-occitan (D1, D2, D3, D4), provençal (D1, D2).
N.B.
On remarquera que, même si le type A n‟était pas attesté,
l‟utilisation des trois graphème ch, tj, j, serait
nécessaire au maintien d‟une graphie unitaire englobant les types
B, C et D. [31/32]
ANNEXE III.
Cette
annexe présente un texte transcrit dans différents dialectes et
dans différentes graphies accompagnées d‟une notation phonétique.
La version originale est la version limousine extraite de : Jan
GANHAIRE, Lo darrier daus Lobaterras, IEO, 1987, p. 55). Les
textes 1 à 5 relèvent d‟un type de langue élaboré (littéraire)
et leur transcription phonétique représente une prononciation
théorique “moyenne” ; le texte 6 est une auto-production
s‟efforçant de reproduire le plus exactement possible un parler
vernaculaire acquis en partie par transmission familiale.
Conventions
:
- [s] : apico-alvéolaire ; [z] : apico-alvéolaire.
- [s]: prédorso-alvéolaire ; [z] : prédorso-avéolaire.
- Le indiquant la nasalité est placé à côté de la voyelle, et non au dessus, afin de signifier qu‟il ne s‟agit pas de véritables voyelles nasales comme en français standard, mais de voyelles orales pourvues d‟un apendice nasal (sauf dans le texte n° 6 où on a de véritables nasales). (On pourrait également noter )
- [] = [d] rétroflexe.
- R apical est noté [r], R uvulaire est noté [] ; l‟opposition entre un [r] apical bref et un [r] apical long n‟est notée qu‟en position intervocalique (en position non intervocalique le /r/ est normalement long = à plusieurs battements). En limousin (texte 1), il n‟y a qu‟un seul type de /R/, réalisé localement [r] ou [] (parfois, dans un même lieu, [] par les jeunes et [r] par les vieilles générations) ; en gascon et en languedocien (textes 2 et 5) on a, en position intervocalique, une opposition /r/-/r/ ; en provençal (texte 3), une opposition /r/-// ; dans le texte n° 6, une opposition //-/r/ ; en niçois il existe un seul type de R, classiquement décrit comme apical par les grammaires normatives, mais que la plupart des locuteurs actuels réalisent [] uvulaire. (N.B. : dans les deux annexes précédentes, on a négligé la distinction entre [r] et [] ainsi que celle entre[s] et [s], [z] et [z], [a] et []).
- Les parenthèses ( ) indiquent qu‟un élément est facultatif lorsqu‟il s‟agit d‟un mot ; qu‟il n‟est pas présent dans toutes les sous-variétés concernées lorsqu‟il s‟agit d‟un son.
- Lorsqu‟on cite plusieurs variantes d‟un même élément, ces variantes sont séparées par des barres obliques penchées à gauche (anti-slashs) : \ \ .
- (\ \) : variante considérée comme marginale, ou minoritaire, dans la norme graphique ou dans la variété considérée.
N.
B. Le languedocien et le gascon connaissent des spirantes sonores
; mais la différence entre spirantes sonores et occlusives sonores
n‟est pas phonologique, elle est purement contextuelle.
TRADUCTION
FRANÇAISE
Après
presque une lune, nous fîmes escale dans une île. Le port
s‟appelait Famagouste. Nous pûmes y embarquer de l‟eau douce, de
la viande et des fruits qui n‟avaient rien à voir avec nos pommes
et nos (petites) poires : la peau en était comme du velours et la
chair en était un peu filandreuse, mais agréablement sucrée et
aqueuse. Je ne compris pas le nom que lui donnaient les gens de ce
pays ; mais les plus anciens d‟entre nous, ceux du voyage
précédent, l‟appelaient d‟un nom latin, persica,
c‟est-à-dire : le fruit de Perse. [32/33]
- LIMOUSIN
graphie
normalisée (dite occitane) Après una luna gaire mens,
faguèrem escala
[pre
un lyn gjreme fgeren ejkal graphie
d’inspiration mistralienne Aprê
uno luno goire mens fogueren eicalo dins una
illa. Lo pòrt s‟apelava
Famagosta. I poguèrem
embarcar de l‟aiga lena,
din ynil lu pr pelav fmgut i
pugeren embrka de lejg len,
dins
uno ilo.Lou port s’opelavo Fomogûto. I pougueren emborcâ de
l’eigo leno,
de
la vianda e de la frucha que aviá pas res a veire emb nòstras
pomas e nòstres de l vjnd e de l
fru(t)s ke vj pa re vejre e ntra
\puma\puma\ e ntrej de lo
viondo e de lo
frucho que ovio pâ
rê o veire en
nôtrâ poumâ e nôtrei
perons
: la peu n‟era coma dau velós e la charn n‟era un pauc
filandrosa mas
peru
la pew nerkum dw velu e la (t)sar ner u
paw filndru ma
peroû
: lo peu n’ero coumo dóu veloû e lo char n’ero un pau
filondrouso mâ
agradivament
sucrada e aigosa. Comprenguí pas lo nom que li donaven la gent
grdivme
ykrad e ejgu kumpre gi pa lu nu ke li
dunave l (d)ze
ogrodivoment
sucrado e eigouso. Comprenguí pâ lu nom que li dounaven lo gent
d‟aqueu
país ; mas los
mai ancians d‟entre
nautres, los dau viatge
d‟avant, dkew pi ma lu mej ja
dentre \nwtrej\nawtrej\ lu dw vja(d)ze dv
d’oqueu paî mâ loû
mai oncian d’entrenautrei,
lû dóu viage d’ovont,
l‟apelaven
d‟un nom latin, persica, valent a dire la
frucha de Pèrsia.
lpelave
dy nu lati persica
vlent a dire l fry(t)s de perj]
l’opelaven
d’un noum lotí, persica, volent o dire lo frucho de
persio.
- LANGUEDOCIEN
Graphie
normalisée (dite occitane) Après\Aprèp\ gaireben una
luna, languedocien méridional : [prj\prg\
gjrebe yn lyn, languedocien septentrional
: [ pr gjrebe yn lyn,
Graphie
d’inspiration mistralienne Après
\Aprèp\ gairebé uno luno, faguèrem escala
dins una illa. Lo
pórt s‟apelava Famagosta.
I poguèrem embarcar fren
eskl dinz yn ill lu pr spel
fmust i puren embrk fren
ehkl din yn ill lu pr pel
fmust i puren embrk
faguèren
escalo dins uno illo Lou port s’apelabo Famagousto. I pouguèren
embarca
d‟aiga
lena, de carn e de \frucha\fruta\ qu‟aviá pas res a \veire\véser\
amb(e)
dj
len de kr e de \fryt\fryt\ kj
\pr\pj\ rez \ejre\eze\ \n\mbe\
dj
len de kr e de fryts kj \pr\pj\ re
ejre \n\mbe\
d’aigo
leno, de car e de \frucho\fruto\ qu’abio pas res a beire amb(e)
nòstras
pomas e nòstres perons : la pèl n‟èra coma de velós e la carn
n‟èra un
nstrs
pumz e nstres perus l pl nr
kum de eluz e l kr nr yn
nstrh
pum e nstreh peruj l pl nr kum
de elu e l kr nr yn
nostros
poumos e nostres perous : la pel n’èro coumo de velous e la car
n’èro un [33/34]
pauc
filandrosa mas agradivament sucrada e aigosa.
Comprenguèri pas lo pw filndruz mz
grimen sykr e juz
kumprengri \pl\pj\ lu pw filndru m
grimen ykr e ju
kumprengri \pl\pj\ lu pauc filandrouso mas
agradivoment sucrado e aigouso. Coumprenguèri pas lou nom que
li donavan lo monde d‟aquel país ; mas los
mai ancians
nun
ke li \unn\-u\ lu munde kel pis
\mz\mj\ \luz\luj\ mj nsjz nun ke li
unu lu munde kel pi mj luj mj
nj noum que li
dounabou lou mounde
d’aquel païs ;
mas lous mai
ancias
d‟entre
\nosautres\nautres\, los del viatge d‟abans, l‟apelavan d‟un
nom latin,
dentre
\nuzwtres\nwtres\ luz del bite
n \lpeln\-u\ dyn nun lti,
entre
\nuwtrej\nwtrej\ luj del bitse n
lpelu dyn nun lti, d’entre
\nousautres\nautres\,
lous del biache
d’abans, l’apelabou
d’un noum latí, persica,
valent a dire la \frucha\fruta\ de Pèrsia.
persica,
vlent ire l \fryt\fryt\ e prsj]
persica, vlent ire l
fryts e prj] persica valent
a dire la \frucho\fruto\
de Pèrsio.
- PROVENÇAL
Graphie
normalisée (dite occitane) Après quasi una luna,
fagueriam
[aps
kasi yn lyn fagerjan
Graphie
mistralienne Après quàsi uno luno, faguerian escala
dins una \iscla\illa\. Lo pòrt \s‟apelava\se disiá\ Famagosta. I
(\ié\li\) eskal di z yn \iskl\il\ lu p
\sapelav\se dizje\ famagust i (\je\li\) escalo
dins uno \isclo\ilo\ .Lou port \s’apelavo\se disié\ Famagousto.Ié
(\li\i\) pogueriam embarcar d‟aiga
lena, de carn e
de frucha qu‟aviá (pas)
ren a vèire pugerjan
embaka dajg len de ka e de \fyt\fyts\
kavje (pa) en a vjre pouguerian
embarca d’aigo
leno, de car
e de frucho
qu’avié (pas)
ren a vèire
\am(b)e\em(b)e\
nòstrei pomas e nòstrei perons. La pèu n‟èra coma\-e\
\ame\em(b)e\
\n(w)sti\-tei\ pumo e \n(w)sti\-tei\ peru la
pw nrkum (\-e\)
emé
\ nostri \-trei\ poumo e \nostri\-trei \ peroun. La pèu n’èro
coume (\-o\)
de
velós e la carn n‟èra un pauc filandrosa mai agradivament sucrada
e aigosa.,
de
veluz e la ka nr u pw filanduz maj
agadivame sukad e ejguz
de
velous e la car n’èro un pau filandrouso mai agradivamen sucrado e
eigouso
Comprenguèri\-re\pas
lo nom que li (\ié\) donavan lei gènts d‟aqueu país ;
\kumpe
gri\-re\ pa lu nu ke li (\je\) dunavu \lej\li\
\den\dzn\ dakew pais Comprenguère (\-ri\)pas lou nom
que ié (li) dounavon li (\lei\) gènt d’aquéu païs ; mai
lei mai ancian d‟entre \nosautres\nautres\, aquelei dau viatge
maj
\lej\li\ maj a sja dente \nuzawte\nawte\
\akeli\-lej\ dw \vjade\vjadze\ mai li (\lei\) mai
ancian d’entre \nousautre\nautre\,aqueli (\-lei\) dóu viage
d‟avans, l‟apelavan d‟un nom latin, persica, valènt a
dire la frucha de Pèrsia. dava
lapelavu dy nu lati persica
valnt a dire la \fyt\-ts\ de
\psi\-sj\]
d’avans,
l’apelavon d’un noum latin, persica, valènt a dire la
frucho de Pèrsi(o). [34/35]
- NIÇOIS
Graphie
normalisée (dite occitane) Après esquasi una luna,
fagueriam
[apz
eskasi yna lyna, fagejan Graphie d’inspiration
mistralienne Après esquasi una luna,
faguerian escala en una
illa. Lo pòrt
\s‟apelava\si diia\ Famagosta.
Li pogueriam embarcar eskala
en yn ila lu pte \sapelava\si diia\
famagusta li pugeian embaka escala en una ila. Lou
port \s’apelava\si diía\ Famagousta. Li pouguerian embarcà d‟aiga
lena, de carn e
de frucha qu‟avia (pas)
ren a vèire embai
\nòstru\noastru\
dajga
lena de ka e de fyta kavia (pa) en a vɛje
embaj nwasty
d’aiga
lena, de car e de frucha qu’avia (pas) ren a veire embai nouostru
poms
e „mbai \nòstru\noastru\ purús. La pèu n‟èra coma de velós e
la carn n‟èra
pum
e mbai nwasty pyy la pw na kuma
de velus e la ka na poum
e’mbai nouostru peron. La pèu n’èra couma de velous e la
car n’èra un pauc filandroa
ma agradivament sucrada e
aigoa. Non comprenguèri lo
nom u paw filandua ma agadivame
sykad e ajgua nu kumpe gi lu nu un
pau filandroua ma agradivamen sucrada e aigoua. Non comprenguèri lou
nom que li donavan la
gènt d‟aqueu país ;
ma lu mai ancians
d‟entre nautres, aquelu ke
li dunavu la gɛnte dakew pais ma ly maj a
sja dente nawte akely que li dounavon la gent
d’aquéu païs ; ma lu mai ancian d’entre nautre aquelu
dau
viatge de denant, l‟apelavan d‟un nom latin, persica,
valènt a dire la
dw
vjade de dena lapelavu dy nu lati ,
persica, valent a die
la
dóu
viage de denant, l’apelavon d’un noum latin, persica,
valènt a dire la
frucha
de Pèrsia.
fyta
de psja.]
frucha
de Pèrsia.
- GASCON 26
Graphie
normalisée (dite occitane) Après quasi ua lua, que
hasom
Graphie
DIGaM Après quasi ua lua, que hasom
gascon
oriental [prs kzi yw lyw
ke hzum
gascon
occidental [prs kzi yw lyw
ke hzum Graphie de
L’ Escòla
Gaston
Febus Après
quasi ue lue,
que hasoum escala
en ua illa. Lo pòrt que s‟\aperava\aperaua\ Famagosta. Qu‟i
podom escala en ua illa. Lo pòrt que s’\aperava\aperaua\
Famagosta. Qu’i podom eskl en yw ill
lu pr ke s \per\perw\ fmust ki
pudum eskl en yw ill lu pr ke s
\per\perw\ fmust ki pudum
escale
en ue ille. Lou port que s’aperabe
Famagouste. Qu’ i poudoum embarcar
aiga doça,
carn e hruta
qui n‟\avè\auè\
pas arren a
\véder\véser\
dab embarcar aiga doça, carn e
hruta qui n’\avè\auè\ pas arré a \véder\véser\ dab embrk
j dus kr e (h)ryt ki n \\w\
pz re eze db embrk j
dus kr e (h)ryt ki n \\w\ pz
re \e\ez\ db
embarca
aigue douce, car e rute qui n’abè pas
arré a \béde\bése\ dab [35/36]
las
nostas pomas e los nostes perons : la pèth que n‟èra
com velós e la carn las \nostas\-es\ pomas e los nostes
perons : la pèth que n’èra com velós e la carn lz
nusts pumz e luz nustes peru( )s
l pt() ke nr kum belus e l kr lz
nusts pumz e luz nusts peru(
)s l pt(j) ke nr kum belus e
l kr
las
noùstes poumes e lous noustes peroûs : la pèt que n’ère coum
belous e la car
- Je dois remercier Jean Lafitte pour ses corrections et suggestions, ainsi que pour la transcription en graphie DIGaM.
n‟èra
un chic \hilandrosa\estopuda\ mes agradivament sucrada e
n’èra
un chic \hilandrosa\estopuda\ mes agradivament sucrada e
nr
y tik \hilndruz\estupy\ mes
grimen sykr e
nr
y \ik\tjik\ \hilndruz\estupy\ mes
grimen sykr e
n’ère
û chic \hilandrouse\estoupude\ mes agradibement sucrade e
aigassuda(\aigosa).\Ne\(No)\ comprengoi pas lo nom que‟u
\davan\dauan\ la gent aigassuda(\aigosa\). \Ne\(No)\
comprengoi pas lo nom que’u \dàvann\dàuann\ la gent
jsy
(\juz\) (nu) kumprenguj pz lu num ku
\n\wn\ l en
jsy
(\juz\) ne kumprenguj pz lu num ku
\n\wn\ l jen aygassude(\aygouse\). Ne
coumprengouy pas lou noum que’u dàben la gen d‟aqueth
país ; mes los mes ancians d‟enter
\nosautes\nosaus\, los deu viatge d’aqueth país ; mes los
mes ancians d’enter \nosautes\nosaus\, los deu viadge dket()
pis mez luz mez nsj( )z
dente \nuzwtes\nuzws\ luz du bjde
dket(j) pis mez luz mez nsj( )z
dent \nuzwts\nuzws\ luz du
bjdj d’aquet païs mes lous mes anciâs d’enter
\nousautes\nousaus\ lous dou biàdje d‟\abans\auans\ , que
l‟\aperavan\-auan\ d‟un nom latin, persica,
valent a díser : d’\avantz\auantz\ que
l’\aperàvann\-àuann\ d’un nom latin, persica, valent a díser
:
\ns\wns\
ke \lpern\-wn\ dy num lti(
) persica blen(t)
dize
\ns\wns\
ke \lpern\-wn\ dy num lti(
) persica blen(t)
diz d’abans que
l’aperàben d’û
noum latî, persica,
balen a dìse
: la hruta de Pèrsia.
la
hruta de Pèrsia.
l
(h)ryt e prsj]
l
(h)ryt e \prsj\prsi\]
la
rute de Pèrsi(e).
- ALPIN DE LA VALLEE D‟OULX (Italie)
Parler
de Chaumont (Chiomonte), province de Turin
Graphie
normalisée (dite occitane) Après viament una luna, nos
l-avem fait
[prej
jm un lyn nu lv
fjteschara dins una illa. Le pòrt aul se mandava Famago·sta.
Nos l-avem pogú eja di z yn
ill l pr us mndav fmgust
nu lv pugy
embarcar-lhi
d‟aiga doça, de vianda e de fruta qu‟il aiá pas ren a veir avei
(\bo\)27
brkai
djg dus d vid e d
frytt kil ej pa r vj vj
(\bu\)
nòstris
poms e nòstris purús. La lòra pèl il era comà de velós e la
lòra charn il era
ntri
pu e ntri pyy l l pl il ej
kmad vlu e l l ar
il ej [36/37]
un
pauc fierandrosa, mas
sucraa e aigosa que
l‟era un plaser. A
l-ai pas comprés y pw
fjedruz ma sykra e ejguz k
lej y plzej lj pa kumprej le nom
que la gent de
„quel país ilh lhe
donavan ; mas los
plus ancians de
l
nu k la de ke pi i l
dunav ma lu pluz sj d
nosautris, „quelos
dau voiatge
de dirant, ilh
lhe disiàn
un nom latin,
persica,
nuzawtri kelu du vujae d
di i l dizj y nu lati
, persica, ce
que la vòl dire
: la fruta de
Pèrsia.
sak
la v die l frytt d prsj]
- avei [avj] (fr. avec), forme d‟origine francoprovençale, est employé uniquement à Chaumont et à Exilles ; dans les autres communes de la vallée d‟Oulx on emploie bo [bu] ou abo [abu].
https://www.locongres.org/fr/applications/fonoc/fonoc-credits-et-remerciements